26/09/2009

Mérida, ciudad blanca...


...où, la nuit tombée, des centaines de milliers d'oiseaux envahissent les arbres en sifflotant (au grand dam des amoureux assis dessous, récipiendaires de cadeaux spontanés);
...où la chaleur, monstrueuse, nous fait apprécier les courses folles des chauffeurs d'autobus (quand les fenêtres s'ouvrent);
...où les
camiones et collectivos, tantôt congelés tantôt saunas, n'acceptent que les petits-de-jambes;
...où les feux de circulation et les trottoirs sont définitivement optionnels;
...où les magasins d'électronique se transforment en salles de cinéma improvisées;
...où les dimanches sont cyclistes-joyeux, alors que la plus grande avenue et le
centro sont fermés à la circulation;
...où on ne verra jamais de
frais se tenir debout dans l'autobus et en sortir vivant sans se tenir aux poteaux;
...et ses orages-éclairs, où l'on comprend l'utilité des hauts trottoirs alors que le
centro se transforme en rio;
...et l'omniprésence de la
policia, à qui l'on achète la tranquillité en échange de corruption et pots-de-vin;
...où mêler
gran plaza et plaza grande différencie le touriste de passage de ceux qui y vivent;
...où cochinita, poc-chuc et tamales côtoient hot-dogs et hamburgers au titre de spécialité locale;
...où stationnements d'église deviennent salles de spectacles les fins de semaine, même dans les endroits les plus reculés et improbables;
...où l'urbanisme se résume à ne pas détruire le centre et à construire le plus de Wal-Marts possibles en périphérie;
...où trouver sa
ruta de camion relève d'un épisode d'Indiana Jones;
...où l'on apprend à
esconder sa carte d'étudiant (tarif réduit) quand l'autobus passe, histoire de le voir s'arrêter;
...où l'heure de rendez-vous est optionnelle, tout comme le lieu et la journée;
...où les chauffeurs de taxi insistent pour que l'on aient leur numéro de téléphone bien enregistré;
...où subsistent certains mystères, comme le surnom de
ciudad blanca (ville blanche) et l'existence d'un chemin de fer inutilisé suivant l'avenue principale;
...où on choisit soigneusement son côté de trottoir en analysant les mouvements du soleil;
...où dire
qué onda ne s'inscrit pas dans le cadre d'une discussion sur son micro-ondes;
...où une femme étrangère qui entre dans une taverne du centro provoque le même effet qu'une personne qui giguerait toute nue sur un étal du marché jean-talon un beau dimanche d'été;

... à suivre

21/09/2009

Los manos de Loltun...

La photo est belle, alors il faut que je la mette sur le blogue... dommage qu'on voit pas aussi bien qu'en grand format. Dans ces mêmes grottes, ils ont retrouvé la plus ancienne présence humaine au Yucatán (environ 10 000 ans av. J.-C.), des ossements de mammouths, bisons, des pétroglyphes mayas et ces traces de mains, qu'on voit sur l'image. Dites bonjour, y'a une quinzaine de personnes qui vous saluent!

L'arrivée du frisé et son premier mois

Bon, comme on me reproche couramment de ne pas donner de nouvelles très souvent, je me résigne finalement à passer quelques heures de plus par semaine devant l'écran pour satisfaire votre curiosité...

En francés solamente... pues mexicanos, españoles y gringos, ustedes todavía saben todo de mi vida aquí, entonces llamanme! :P

***

Le premier mois à Mérida est maintenant terminé: le temps passe extrêmement vite. D'un côté, il y a tellement à faire et à visiter ici que chaque semaine est totalement différente. De l'autre, j'aimerais avoir encore plus de temps car il reste tellement à voir que j'ai l'impression que je vais manquer de temps d'ici mon départ: cinq mois, ça paraît long, mais quand on est dedans, c'est absolument rien.

La première semaine, beaucoup de temps d'adaptation: avec ces petit six jours catastrophiquement courts à Montréal, où fonctionnaires et paperasses m'ont talonné, j'avais besoin d'un moment pour me reposer et m'habituer à ce qui serait mon chez-moi pour les prochains mois. Surtout après ce quasi deux-mois en cavale entre la France, l'Espagne, la Roumanie et la Bulgarie. J'ai donc marché, marché, marché à quasiment en tomber dans les pommes sous le soleil et la chaleur (littéralement). J'ai appris à connaître le quartier et mes colocs; dans l'ordre de la photo: Carlos, Camille, Fernando, Fanny et Pablo, trois mexicains et deux françaises de Lyon. Dans l'essentiel, je n'ai rien fait de productif si ce n'est que de faire l'épicerie, du lavage et la vaisselle.

La deuxième semaine, j'avais besoin de sortir et de voir la ville: comme aucun de mes colocs n'est de Mérida, j'ai contacté les gens de Couchsurfing. J'ai ainsi pu rencontrer Eduardo, qui étudie aussi à la UADY en archéologie, qui m'a fait faire un tour de la faculté d'anthropologie et du centre historique de la ville tout en me montrant où partaient et passaient les autobus, un vrai casse-tête pour celui qui ne vient pas d'ici. Un peu plus tard, j'ai rencontré Gab et Paola, avec qui j'ai eu ma première brosse dans un bar où, pour 120 pesos (+/- 10$), on boit et mange à volonté. Et y'a pas que de la sol et des tacos. Mal de tête garanti.

La troisième semaine, les cours commencent. Je découvre ce que c'est que de vivre à 1h30 en transports de la faculté (surtout quand les
autobus sont faits pour des nains). Je rencontre beaucoup de gens, étrangers aussi en quête d'amis comme mexicains sympathiques. Je stresse pour mes cours: le premier en est un de bioarchéologie, qui est en fait un mélange de médecine, ostéologie et archéologie. Je ne comprends pas la moitié des mots utilisés, qui me fait me poser quelques questions sur ma capacité à suivre des cours en espagnol... jusqu'à ce que je me rende compte, quelques jours plus tard, que les mexicains non plus ne comprennent rien. Olé. J'annule donc le cours et prend plutôt celui de langue maya. En bref, donc, j'apprends le maya yucateco, on m'enseigne à dessiner de façon archéologique (allez savoir...), j'ai un cours d'introduction à la céramique et j'apprends à faire de la plongée, façon archéologue, à nouveau. Trois jours de cours intenses par semaine, mais quatre jours de congé d'affilée, du vendredi au lundi. Faut pas s'étonner donc que les voyages, les amis et l'alcool prennent une bonne partie de mon séjour ici. Dure, la vie d'étudiant au Mexique.

J'ai visité la ville d'Izamal, toute de jaune avec ses pyramides. Dzibilchaltún, site archéologique pas très loin d'ici, avec ses essentielles pyramides, ses constructions perdues en forêt et son sakbej immense. Celestún, paradis naturel, où on retrouve une colonie de flamants roses (et non pas les flamands roses, à moins d'y voir des néerlandais tout nus), mangroves, forêt pétrifiée, etc.

Mardi passé, jour de l'indépendance mexicaine, on a profité du jour férié pour visiter le cenote de Calcuch (prononcé "calcutch"); j'ai pas de mots pour la description, sinon wow. Je laisse une
photo (la bleue psychadélique, plus haut) pour le plaisir des yeux; c'est l'eau du cenote, là où les rayons de soleil la touchent... quoique ceux qui viendront me visiter, on s'arrange pour y retourner... Le soir, sans faute, on assiste au "grito" à la Plaza Grande (feux d'artifices et discours de politiciens), puis on ajoute quelques cervezitas dans un bar pas très loin... Avant-hier, c'était un trip improvisé aux grottes de Loltun et là encore, c'est toujours avec le souffle coupé que je prends des photos qui me font chier parce qu'elles ne montrent absolument pas la vraie beauté de la place. En bref, c'est une véritable cathédrale sous la terre, qui fait plusieurs kilomètres de long, plusieurs dizaines de mètres de haut, où on voit à la fois des traces de mains préhistoriques sur les parois, des formations géologiques à couper le souffle et des fortifications de pierre édifiées par les mayas qui s'y étaient réfugiés, lors de la conquête espagnole.

Bref, tout va super bien ici.